Il y a des gens qui tombent amoureux d’une peinture, d’un objet. D’autres d’une présence ou d’un animal. Puis y’a moi, moi qui tombe amoureuse de toi. Au milieu de rien, un champ de bataille, cadavres au sol. Comme si on avait perdu la guerre. Celle de l’amour. Qu’on s’était battu éperdument pendant des jours, des nuits, des mois ou des années, avec pour seuls ennemis, nous mêmes. Je ne sais pas ce que l’on peut en dire. J’aurais voulu tomber amoureuse d’un lieu, de l’espace, de l’infini. J’aurais voulu être amoureuse mais sans tomber. Pourquoi est-ce que la vie est ainsi ? Pourquoi ne pas être aimé par celui que l’on aime ? Pourquoi parfois l’amour ne suffit pas ? Est-ce parce qu’il n’est pas assez fort ou aussi pur que l’on croyait ? Pourquoi virer le compte de fée au cauchemar en une nuit, en seulement quelques heures. Tu m’as détruite comme l’enfer achève quelqu’un qui a péché. Tu m’as vendu comme un blanc vendait esclaves à leur maître. Tu m’as jeté en sachant ce qui m’attendait. Mais pourquoi tu m’as fait ça ? Pourquoi me tuer alors que je suis innocente ? Alors que j’étais déjà presque morte. Pourquoi blesser celle qui t’a décroché les étoiles et aller vers celle qui les a enlevé de tes yeux ? Pourquoi ? Je ne t’ai jamais demandé de m’aimer, alors pourquoi tu t’es forcé à le faire ? Pourquoi tu m’as menti dès le début en m’y faisant croire ? Et si ce n’est pas le cas, alors pourquoi t’es parti ? Tu sais comment je suis, tu savais qu’il n’y avait que toi. Tu sais aussi que je t’aurais toujours attendu, alors toi t’avais pas à t’en faire. Mais moi dans l’histoire, qu’est-ce que je deviens moi ? Qu’est-ce que je suis censée faire ? T’attendre alors que tu es dans les bras d’une autre ? Je ne dors plus, je ne mange plus, je ne ris plus, je ne souris pas non plus, je ne vis plus. Mais pourquoi suis-je encore debout ?

Je me souviens de cette flamme dans tes yeux  la première fois que tu m’as embrassé, quand tu me regardais, et que cette flamme, cette flamme si pure, si belle, je ne l’ai jamais oublié. C’est pour ça que je suis encore debout à l’heure qu’il est. Et c’est là la seule raison. Je ne peux pas cesser de t’aimer seulement parce que tu me l’as demandé. Tu ne peux plus me changer, tu l’as déjà trop fait. Je te jure que j’aimerais te détester, pour m’y avoir fait croire, puis achever. J’avais la corde au cou, j’étais déjà sous la guillotine. Espèce d’acteur de ma vie, toi tu n’y étais que le baron qui tenait la corde, mais tu l’as lâché. Mais je ne t’en veux pas. Je n’en ai voulu qu’à moi. Je m’en suis voulue de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir pu changer les choses. Je te jure que je m’en suis voulue comme si c’est moi qui avait causé la souffrance. Je suis toujours là pour tout le monde, toujours. Mais ça n’a jamais été réciproque. je m’en suis voulue d’être impuissante. Pourtant j’ai fait ce que j’ai pu, en soignant les gens avec des mots, avec les miens, en te soignant toi. Seulement parfois les mots ne suffisent plus, la souffrance ne se pose pas sur de simples mots, les termes ne sont pas assez forts. La souffrance n’a pas de limite, alors que les mots si. J’ai été heureuse le jour où je me suis levée, comme tous les matins, mais avec plus aucun ressenti envers toi, ni haine, ni amour. J’ai été heureuse de ne plus t’aimer, d’être enfin guéris de toi.

Theodore Raymond Knight (acteur)

Theodore Raymond Knight (acteur)

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